Il aurait pu faire carrière à la Continental, compagnie sous influence allemande, lorsque, en 1940, l'Occupation s'installe. Quelle aubaine cela aurait été pour le IIIe Reich que de faire de Jean Gabin, héros si français, un symbole de la collaboration ! Les Allemands devront s'en passer car l'acteur traverse l'Atlantique et s'installe à Hollywood, décidé à parfaire son anglais « pour ne pas avoir l'air d'un cornichon ». Jean Gabin tourne quelques films, retrouve des acteurs français et rencontre Marlène Dietrich qui l'aide à surmonter son mal du pays. Il se morfond à l'idée que les nazis paradent sur les Champs-Élysées alors qu'il fait l'acteur en Californie. Le tournage de L'Imposteur, en 1942, provoque un déclic. Ce film de propagande gaulliste, tourné par Julien Duvivier, dans lequel il usurpe l'identité d'un Résistant et devient lui-même patriote, c'est un peu son histoire. Il s'engage auprès des Forces françaises libres. C'est ainsi qu'il devient, en 1943, le second maître Jean Moncorgé, puis rejoint le 2e escadron du R.B.F.M (régiment blindé de fusiliers marins) affecté à la 2e DB (division blindée) du général Leclerc. L'acteur s'efface devant le soldat, même si ses camarades n'oublient pas Pépé le Moko, Gueule d'amour ou Quai des Brumes. Embarqué sur l'escorteur Elorn puis instructeur à Alger, il retrouve enfin la France en septembre 1944. Nommé chef du char Souffleur II - le plus vieux chef de char du régiment - il rejoint le front de l'Ouest pour libérer la Poche de Royan, dernier bastion ennemi sur le territoire français. Les combats sont victorieux mais avant même la reddition finale des commandants de la place, son régiment fonce vers Berchtesgaden, dernier acte de la guerre.
Cet ouvrage, préfacé par le fils de Jean Gabin, Mathias Moncorgé, est largement illustré de photos et documents inédits, provenant du Musée Jean Gabin et liés à cette période précise.